CONNAÎT-ON L’UKRAINE ?

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L’HISTOIRE DE L’UKRAINE

On connaît à peu près la Russie, mais connaît-on l’Ukraine ? Quelques repères historiques pour y voir plus clair. Contrairement à ce qu’a dit M. Poutine, l’Ukraine n’est pas une création des Bolcheviques, mais de l’Allemagne impériale au début 1918 : elle a ceinturé son adversaire vaincu d’Etats-tampons parmi lesquels l’Ukraine, dont le nom signifie « la marche » : l’ouest de cette région a souvent été mêlée à la Pologne et à l’Autriche (Lviv, Lvov, Lemberg, trois noms pour la même ville…), d’où son attirance pour l’Occident ; l’est peuplé de russophones ; et déjà les dissensions politiques se faisaient sentir dans ce nouvel Etat dont la seule utilité, en tant que « grenier à blé de l’Europe », était de nourrir les Allemands affamés en 1917 par le blocus naval britannique.

Ce sont les Ukrainiens de l’est qui, après la défaite allemande en novembre, ont permis le retour des Russes désormais bolchévisés par Lénine, en épousant le bolchévisme perçu comme un critère d’appartenance nationale. Lénine et ses successeurs, avec l’arrogance qu’ont tous les régimes politiques, imaginaient que l’URSS était immortelle, peu importait donc que des républiques secondaires existassent dans cet ensemble jugé parfait.

Entre 1931 et 1933, Staline, pour briser les paysans libres (les Koulaks), confia à Kroutchev le soin d’organiser une famine qui provoqua 5 millions de morts. Voilà, il est vrai, un cadavre dans le placard historique entre Moscou et Kiev.

De fait, quand l’Allemagne envahit l’URSS en 1941, elle fut accueillie en libératrice par beaucoup d’Ukrainiens, surtout à l’ouest : 200.000 d’entre eux s’engagèrent à ses côtés, il n’a tenu qu’au racisme nazi de ne pas profiter pleinement de cette sympathie. Ce qui explique que parmi les militants de l’Ukraine indépendante aujourd’hui, on trouve en effet des symboles de cet envahisseur nazi regardé jadis comme un libérateur.

Après sa victoire, l’URSS, prétextant les souffrances endurées par ses deux régions de l’ouest, Russie blanche et Ukraine, imposa à l’ONU de voter trois fois : pour elle, et pour chacune de ces deux républiques socialistes. C’était se tirer une nouvelle balle dans le pied pour l’avenir, mais le régime était supposé pouvoir durer jusqu’à la fin du monde.

En 1955, Kroutchev, pour faire oublier son séjour génocidaire en Ukraine, lui offrit la Crimée peuplée de Russes : qu’est-ce que cela pouvait faire ? L’Union soviétique chapeautait le tout depuis Moscou…

LA RUSSIE, L’UKRAINE ET LA BIÉLORUSSIE

En 1991, dans son souci de renverser Gorbatchev, Eltsine conçut l’idée de faire exploser l’URSS, ce qui vidait de son sens la présidence exercée par son rival, qui n’eut plus d’autre choix que celui de démissionner : le drapeau rouge fut remplacé par le drapeau russe sur les toits du kremlin. Soljenitsyne, d’accord avec la décolonisation de l’empire, avait cependant appelé la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie à demeurer ensemble ; mais Eltsine a poursuivi sa propre ambition.

Inquiet devant la perspective d’une démultiplication des puissances nucléaires, l’Occident promit tout ce qu’elle voulait à l’Ukraine, y compris le respect de ses frontières, sans y réfléchir, pourvu qu’elle renvoie ses missiles en Russie.

Aujourd’hui, la question de l’intangibilité des frontières européennes est rendue difficile depuis que l’Otan a attaqué la Serbie sans mandat de l’ONU pour créer le Kossovo. On voit bien que cette variabilité géométrique de nos principes est au cœur des discussions actuelles entre la Russie et les USA.

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