La crise immobilière en chine
La crise immobilière en Chine
On lit, on entend un nombre de plus en plus important de commentaires alarmés sur la crise de l’immobilier en Chine, dont on craint un effet contagieux sur l’économie du pays et, par rebond, sur celle du monde. Que peut-on en penser ?
Pourquoi le marché de l’immobilier s’effondre-t-il en Chine ?
D’abord, rappelons les faits. Il est vrai que le pays s’est lancé dans une vaste campagne de construction de logements neufs, en réclamant de la part des candidats à la propriété qu’ils versent une somme préalable sur plans, puis acceptent des prélèvements réguliers.
Alléchés par la promesse de fortunes extraordinaires autant que rapides, les promoteurs en ont voulu toujours plus, entamant de nouveaux travaux avant même que les précédents soient achevés, bien entendu avec l’argent versé par les premiers donateurs. Cela ressemblait à une pyramide de Ponzi, mais sans intention d’escroquerie, l’emballement venait plus sûrement d’une confiance excessive dans le développement du marché. A l’image de celui du pays tout entier depuis la libération de son activité économique.
Le problème a commencé quand on s’est aperçu que la construction, c’est-à-dire l’offre, dépassait de loin la demande. Puis, la crise de la Covid, plus précisément, les mesures de strict confinement prises par le gouvernement de Pékin, ont considérablement ralenti l’activité économique, de sorte que beaucoup d’investisseurs d’avant la crise n’ont plus été capables de conserver leur pouvoir économique, dont leur capacité d’investir.
Ainsi le parc immobilier neuf s’est-il dressé dans des zones inhabitées, au point que, le coût de leur entretien étant trop élevé. Les mêmes promoteurs entreprennent aujourd’hui non seulement de cesser la construction, mais de détruire ce qui a commencé à l’être, ou même ce qui a fini de l’être.
Plus gravement encore, cette crise qui aurait pu ne provoquer que des friches urbaines, prend un tour tragique quand les particuliers, qui ont investi de l’argent, voient que les travaux cessent, voire que leurs projets immobiliers sont carrément détruits, sans que les promoteurs auxquels ils avaient confié leurs mises de départ et avec qui ils avaient contracté le principe d’un échéancier, soient en mesure de les rembourser.
Passivité de l’Etat chinois
Dans les rues des grandes villes, on voit des milliers de citoyens protester contre la ruine qui leur est infligée. Une ruine contre laquelle l’Etat ne peut rien, puisqu’il s’est agi d’affaires entre personnes privées, portant sur des sommes manquantes que l’Etat, contrairement à ceux de l’Occident au moment de la crise de 2008, n’a pas du tout l’intention d’abonder lui-même, c’est-à-dire par l’impôt ou l’emprunt. Etonnante séquence historique où le régime fondé par Mao Tsé Toung se révèle plus libéral économiquement que les nôtres qui ont fait payer par tout le monde les imprudences de quelques-uns.
Cette cruelle passivité relative de l’Etat chinois (relative, car Xi Jinping fait tout de même quelques gestes, dans la crainte sans doute que la paix sociale soit troublée par le contexte, d’autant que les victimes peuvent l’accuser d’avoir aggravé les choses en confinant tout le monde), cette passivité donc, est destinée à préserver le pays tout entier de la contamination apportée par les créances douteuses. Il n’empêche que la ruine d’une partie de la classe moyenne, mais également celle des collectivités qui elles aussi ont surinvesti en faisant confiance dans l’avenir, devraient entraîner des soubresauts, plus encore à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. En admettant que la dictature suffise à contenir la rue, il resterait aussi les révolutions de palais, toujours possibles.
Sources :
• Les dangers de la bulle immobilière chinoise
• Chine. L’éclatement de la bulle immobilière
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