La baisse trompeuse de l’essence
La baisse trompeuse de l'essence
Les vacanciers ont eu la bonne surprise de voir les prix de l’essence à la pompe baisser, non pas beaucoup certes, mais suffisamment pour leur donner un bon moral de consommateurs sur leur lieu de villégiature – ou même seulement chez eux, car en réalité tout le monde n’a pas les moyens de s’offrir des vacances ! Quoi qu’il en soit, que peut-on penser de cette tendance actuelle ? Eh bien, au risque de refroidir l’enthousiasme général, de même que l’hirondelle ne fait pas le printemps, cette baisse, d’ailleurs bien légère, ne pourra pas durer, voici pourquoi.
Pourquoi la baisse de l’essence s’avère t-elle trompeuse ?
Avant de prendre des sanctions antirusses dont nous avons déjà dit ce qu’elles avaient d’imprudent, l’Union européenne avait deux grandes forces :
D’abord la performance du commerce extérieur allemand, qui, du fait même du poids que pèse l’Allemagne, de loin la première puissance et locomotive économique de l’ensemble, permettait à l’Union d’afficher une balance extérieure excédentaire.
Ces excédents permettaient de financer l’industrialisation des pays de l’Est, qui produisent à bas coût salarial ce dont l’Ouest a besoin. Ainsi mettait-on en pratique le principe de l’avantage comparatif, que l’on pouvait, en l’occurrence, résumer à ceci : à l’Ouest le cerveau, à l’Est les bras.
Mais la production industrielle suppose de l’énergie pour faire tourner les usines. Or, la guerre américaine contre la Russie, conduite militairement par Ukraine interposée, et économiquement par Union européenne interposée, entraîne une rupture des relations commerciales avec la Russie et la diminution constante de notre approvisionnement en pétrole et en gaz. Or, à part la France – et encore, la France partiellement, car son équipement en centrales nucléaires a été fortement contrarié depuis Mitterrand – les autres grandes puissances économiques de l’Union, en particulier l’Allemagne, n’ont pas d’autres moyens sérieux de produire de l’énergie, étant bien entendu que le solaire comme l’éolien sont des gadgets idéologiques couvrant à eux deux 4,5% seulement de nos besoins.
De fait, les usines allemandes, privées d’énergies, ferment les unes après les autres, en dépit du recours massif – on a envie de dire : du retour, au sens régressif du terme – au charbon. La production allemande baissant, son commerce extérieur en pâtit, car le pays importe désormais plus qu’il n’exporte. L’année dernière, sa balance était excédentaire de 13 milliards, aujourd’hui elle est déficitaire d’1 milliard : autant dire que sa recette commerciale extérieure a chuté soudainement de 14 milliards.
Les raisons de la baisse de l’essence
Quant au prix de l’essence, il baisse tout simplement parce que demande de notre appareil industriel baisse à mesure que ferment les usines. Mais quand le pouvoir d’achat de l’Union aura baissé, le prix de l’énergie augmentera, d’autant plus que les nouvelles routes d’approvisionnement, venant d’Amérique par exemple dont le gaz est 30% plus cher que le russe, seront plus coûteuses. Ainsi, la baisse actuelle est trompeuse, elle marque seulement le début d’une récession européenne de grande ampleur.
En attendant, deux petites astuces : quand vous vous servez à la pompe, n’appuyez pas à fond sur le pistolet, pour éviter la mousse, vous aurez ainsi plus de liquide pour le même prix. Et approvisionnez-vous le matin, quand avec la fraîcheur le carburant est plus dense. Ce n’est pas grand’chose, mais c’est mieux que rien !
Sources :
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