LA GUERRE, UN BON BUSINESS

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Traditionnellement, la guerre n’est pas forcément une mauvaise affaire pour tout le monde. D’abord, surtout dans le contexte de nos sociétés industrielles, les moyens militaires progressent, et concomitamment font progresser la technologie civile. Sans les deux guerres mondiales, la médecine aurait avancé moins vite, l’aéronautique également, et on pourrait trouver d’autres exemples.

GUERRE ET INDUSTRIES DE L’ARMEMENT

Mais nous nous concentrerons ici sur les bonnes affaires que réalisent les industries de l’armement. On se souvient qu’en 1961, adressant ses adieux à la nation américaine en tant que président sortant et non reconductible après ses deux mandats consécutifs, avait alerté l’opinion sur le danger que se développe dans le pays un complexe militaro-industriel qui trouverait un intérêt à ce que les Etats-Unis, enfin durablement sortis de leur politique isolationniste et forts de leur rang inégalable, s’engagent dans des guerres à répétitions qui menaceraient constamment la paix du monde. Et en effet, ce pays est celui qui, depuis cette date et en dépit de son statut historique de créateur de l’ONU, aura conduit le plus de guerres, pour le plus grand bonheur de son industrie d’armement : le Viêt-Nam, l’Irak, l’Afghanistan ; et à chaque fois, sur des durées inhabituellement longues.

LA GUERRE EN UKRAINE

Après les échecs répétés de toutes ces opérations militaires, mais qui ont eu au moins le mérite, si l’on peut dire, de nourrir le lobby militaro-industriel dénoncé par Eisenhower, la guerre en Ukraine offre une occasion idéale de poursuivre et même renforcer cette politique. Non seulement l’on espère que l’aide matérielle apportée à l’Ukraine fera durer le plus longtemps possible le conflit, mais l’annonce faite par les pays de l’Union européenne – France exceptée – d’augmenter considérablement ses achats d’armement américain – comme l’Allemagne, par exemple, qui pour la première fois depuis 1945 revendique une politique de réarmement intense, pour laquelle elle se prépare à dépenser 100 milliards d’euros, soit à peu près le double du budget russe – cette combinaison offre des perspectives radieuses à des entreprises comme Raytheon, fabricant du célèbre missile antiaérien Stinger qui fit tant de ravages dans la guerre soviéto-afghane, ou son allié Lockheed-Martin fournisseur du nouveau missile antichar Javelin, qui est en train de faire de nouveaux ravages parmi les chars russes. Si l’on ajoute à ces deux partenaires trois autres acteurs majeurs que sont Boeing, General Dynamics et Northrop Grumman, on constate qu’ils sont ensemble les cinq plus importants bénéficiaires d’un financement militaire sans précédent de 813 milliards de dollars, selon la proposition de budget faite par l’Administration Biden, au nom de la sécurité nationale et de la paix dans le monde. Sécurité nationale, peut-être – encore qu’on ne voie pas la Russie capable de menacer conventionnellement l’Amérique avec 60 milliards de budget militaire annuel contre 813. Quant à la paix dans le monde, l’expression peut être mise en perspective devant l’abstention de l’ensemble du monde non-occidental – exceptés le Japon et la Corée du sud, qui sont militairement des protectorats américains – de sanctionner le Russie, mais c’est une autre question.

On doit prévoir même que ce formidable budget militaire de M. Biden, à la mesure de la puissance américaine comme au temps des deux guerres mondiales, est appelé à augmenter encore, car plusieurs réalisations sont d’ores et déjà défectueuses : l’avion F-35 présente 800 défauts de conception identifiés, le nouveau missile intercontinental présente de trop grands risques pour être adopté, la nouvelle version de porte-avions a du mal à faire décoller et atterrir ses unités : autant de défaillances provisoires qui exigeront une augmentation de l’enveloppe budgétaire. Depuis que le monde est monde, la guerre ruine la plupart, mais en enrichit d’autres.

 

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