La tension autour de kaliningrad
Le contexte actuel européen
Dans le contexte actuel – dangereux pour la paix européenne – de la guerre en Ukraine, la Lituanie, république balte membre de l’Otan, a entrepris de faire le blocus de la route qui traverse son territoire entre la Russie et le territoire de Kaliningrad, et qui permet à la métropole d’alimenter ce que l’on pourrait appeler sa colonie sur la Baltique. Pour faire comprendre à nos étudiants le risque de cette initiative, d’ailleurs directement inspirée des Etats-Unis plutôt que de l’Union européenne, il convient d’apporter quelques précisions sur l’histoire de Kaliningrad et surtout sur sa géographie.
Le territoire de Kaliningrad
Ce nom bizarre de Kaliningrad, qui ne dit rien aux jeunes, est celui d’un dignitaire russe qui, sans être véritablement de second rang puisqu’il a été président du Soviet suprême, n’a pas marqué l’histoire. A l’origine, le nom de cette ville était Königsberg, c’était la patrie des chevaliers teutoniques, puis de l’Etat prussien qui en fut l’héritier direct – leur dernier grand’maître s’étant marié sur le conseils de Luther et ayant engendré la fameuse dynastie des Hohenzollern – et enfin, le siège d’une université devenue célèbre dans le monde pour avoir compté dans son corps professoral Emmanuel Kant. On le voit, une ville toute germanique, plantée là, à l’est de l’Europe, il y a huit cents ans, dans le cadre d’une poussée vers l’est, drang nach osten, commandée par les souverains slaves de la région désireux de la christianiser et l’occidentaliser.
L’histoire du territoire de Kaliningrad
La Prusse originelle s’agrandit toujours plus, mais vers l’ouest, par des alliances dynastiques ou des conquêtes aux dépens d’autres Etats, et avec les siècles acquit la réputation d’un royaume militaire, voire militariste, en souvenir des moines-soldats de ses origines. Parvenue à la tête de l’Empire allemand, elle donna à l’ensemble germanique ce caractère dont l’Europe éprouva les conséquences au XXe siècle, quand bien même il y aurait beaucoup à réformer de notre vision univoque sur ce sujet.
En 1946, l’Union soviétique, avatar politique de l’Empire russe et victorieuse de l’Allemagne hitlérienne, décida de rayer la Prusse de la carte et d’en expulser tous ses habitants allemands. Pourquoi ? Parce que le fameux Couloir de Dantzig, attribué aux Polonais au Traité de Versailles, en coupant en deux l’Allemagne, avait suscité un sentiment d’injustice et de révolte dans la nation allemande, avec les conséquences que l’on sait. Alors, aux grands maux les grands remèdes, Staline décida de faire disparaître le problème avec la population, jusqu’à changer le nom prestigieux de Königsberg en Kaliningrad, rattachée à la République socialiste de Russie, membre de l’URSS. Mais avec la dislocation de l’URSS, l’enclave devint exclave, avec tous les inconvénients que cela suppose, et aujourd’hui la tension que peut entraîner un blocus de la Lituanie, laquelle, en tant que membre de l’Otan, devrait pouvoir compter sur l’article 5 de son règlement stipulant qu’elle devrait être défendue sans condition si elle venait à être attaquée.
Il est probable que la Russie, qui doit gérer la priorité du conflit ukrainien, ne prendra pas de mesures militaires, d’autant que l’approvisionnement du territoire peut se faire par voie maritime, mais il est tout aussi souhaitable que ce point chaud refroidisse. D’autant plus que le moindre changement de situation dans la région pourrait faire naître un sentiment irrédentiste en Allemagne, compliquant encore les choses…
Sources :
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