LES 20 ANS DE L’EURO

20 ans euros

Le mois de janvier 2022 marque le vingtième anniversaire de l’apparition de l’euro dans le portefeuille de la ménagère. Certes, vingt ans, ce n’est pas beaucoup pour une monnaie, mais on peut tout de même essayer d’en dresser un premier bilan, fût-il provisoire. Autrement dit, de relever ses succès et ses échecs

LES 20 ANS DE L’EURO FACE AU DOLLAR

Quand il est apparu, dans la mesure où il devenait la monnaie d’un ensemble économique atteignant peu ou prou la taille des Etats-Unis, on s’attendait à ce qu’il occupe un jour un rang égal au dollar. Est-ce le cas vingt ans plus tard ? Non, le dollar représente 60% des devises, l’euro presque deux fois moins. 80% des échanges internationaux sont libellés en dollars, très loin devant l’euro. Qu’est-ce qui explique cela ?

C’est que les Etats-Unis sont un seul pays, fût-il fédéral, avec un seul gouvernement fédéral et une seule politique étrangère, servie d’ailleurs par une armée incomparable. Donc, ce pays peut imposer les termes de ces échanges internationaux, en particulier s’agissant du pétrole, qui joue le rôle que jouait jadis l’or et auquel peut s’adosser le dollar. L’Union européenne ne dispose pas de cette capacité à adopter une et une seule politique étrangère, ce qui explique également sa faiblesse militaire.

L’ENRICHISSEMENT DES FRANÇAIS FACE AU 20 ANS DE L’EURO

L’euro a-t-il enrichi les Français ? Si l’on se fie à des calculs regroupant indistinctement tous les produits achetables, oui. Mais dans cette addition de produits, il conviendrait de distinguer les achats vitaux, comme l’alimentaire, des achats non vitaux, comme les produits high-tech. Oui, le prix des ordinateurs s’est effondré, celui des téléphones portables aussi, etc., mais le prix de la salade, lui, s’est envolé. Concrètement, cela aboutit au constat suivant : l’euro a profité aux 20% les plus riches, et a nui aux 20% les plus pauvres, ceux qui doivent d’abord acheter des pommes de terre avant de songer aux équipements électro-ménagers ou automobiles.

S’agissant du commerce extérieur, la balance française était globalement excédentaire jusqu’à l’arrivée de l’euro. Mais avec une monnaie très forte, les exportations sont plus difficiles à réaliser, sauf quand on a conservé, comme en Allemagne, un outil industriel performant auquel l’acheteur étranger ne peut échapper. Ainsi, l’euro encourage chez nous la consommation – avec les réserves que nous venons de formuler concernant les plus riches et les plus pauvres – mais pénalise notre production. Pour rivaliser avec l’Allemagne, il faudrait pouvoir dévaluer notre monnaie. Or, dans la situation actuelle, l’euro est même sous-évalué en Allemagne et surévalué en France. On imagine ce qu’il peut en être de la Grèce, par exemple, qui doit vendre en euros de l’huile d’olive dont l’équivalent est fabriqué chez sa voisine turque. Certes, les accords intra-européens peuvent compenser ce manque de compétitivité, mais au fond la question demeure.

LE MAINTIEN DE L’EURO

Alors, comment se fait-il que l’euro se maintienne malgré tout ? Parce qu’il procède d’une volonté politique. Ce qui tient l’euro, c’est l’Union européenne. Ce n’est pas l’euro qui fait l’Europe, c’est l’Europe, en tant qu’entité politique, qui fait l’euro. Et il est bien vrai que cette Union européenne avec sa monnaie propre a été utile dans la gestion de certaines crises, surtout quand il s’est agi d’imprimer des masses d’argent frais, à l’exemple de la Fed : les quantités nécessaires pour maintenir les nations à flot, notamment à l’occasion de la crise mondiale engendrée par la grippe chinoise, ne pouvaient être émises que par une banque géante, la BCE.

Ce qui menace cette politique, c’est l’inflation du prix des matières premières et de l’énergie, qui rendrait inefficace le mouvement rotatif de la planche à billet, désigné sous le paravent linguistique de l’anglais quantitative easing. Or, cette inflation, si elle est plus forte aux Etats-Unis qu’en Europe, atteint tout de même de ce côté-ci de l’Atlantique au moins 5%… Nous verrons bien ce qu’il en adviendra.

 

Sources :

 

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