les conséquences économiques de l’embargo sur le pétrole russe
L’Union européenne a proclamé un embargo sur le pétrole venant de Russie, ce qui lui a valu les félicitations des Etats-Unis, dont le porte-parole, M. Price – au nom prédestiné, en ce début de hausse des prix – a salué une bonne occasion de développer sur le Vieux continent les énergies renouvelables. Cet événement appelle trois commentaires : sur le pétrole comme énergie, sur le pétrole comme ressource, et sur la part que peuvent prendre les énergies renouvelables dans notre économie contemporaine.
Le pétrole comme énergie
Moins dépendante du pétrole russe qu’elle ne l’est du gaz, l’Union en importe tout de même pour plus de 20% de ses achats ; la France, quant à elle, n’en est dépendante « que », si l’on peut dire, pour 15%. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes : cette matière première devant ainsi être acheminée exclusivement par bateau plutôt que par oléoduc continental, il va sans dire que son coût de transport, ajouté à celui de sa raréfaction, connaîtront une augmentation vertigineuse, menaçant de se répercuter brutalement sur le prix de notre carburant, sauf si les Etats importateurs, en particulier la France dont la fiscalité est la plus lourde au monde, décident de baisser les taxes sur la vente à la pompe, pour éviter un nouvel épisode des Gilets jaunes – même si l’échec de cette révolte pourrait avoir enhardi les élites dirigeantes. Mais si les taxes baissent, les services publics et les pensions s’en trouveront affectés, ce qui ne facilitera pas l’achat de la paix sociale.
Le pétrole comme ressource
Deuxièmement, si l’on veut bien prendre du recul pour aborder le sujet en son entier, il semble que les dirigeants européens se soient modérément intéressés au fait que le pétrole n’est pas seulement une source d’énergie, il est avant tout la reine des ressources, il constitue une très grande partie de nos outils quand on regarde autour de soi : l’ordinateur, le stylographe, la bouteille d’eau, le panier à linge, les boutons, etc., etc. Ainsi, la hausse du pétrole se répercutera sur l’ensemble de nos produits, puisque nous vivons à l’âge du plastique, comme nos ancêtres ont vécu à l’âge de pierre, puis du bronze, puis du fer. De fait, l’embargo sur cette ressource entraînera des conséquences bien plus grandes encore que celui sur le gaz : la bouteille d’eau coûtera plus cher, le stylo, toutes les matières issues de la transformation industrielle du pétrole.
Les énergies renouvelables dans l’économie contemporaine
Troisièmement, il convient de rappeler que, dans l’état actuel de nos compétences techniques, les outils de production d’énergie renouvelable : le panneau solaire quand brille le soleil, l’éolienne quand souffle le vent, sont encore à des années-lumière des performances réalisées par nos outils de production d’énergie venue des fossiles. C’est vrai du pétrole, du charbon, de l’eau, et loin devant c’est encore plus vrai de l’énergie nucléaire – qui d’ailleurs n’est pas fossile, mais purement chimique – quand on sait que 8 centigrammes d’uranium consommés par une centrale selon la formule E=mc², équivalent à une tonne de bois. Les énergies renouvelables n’atteignent pas 5% de nos besoins en consommation d’énergie : 1,5% pour les panneaux solaires, 3% pour les éoliennes, qu’il est donc inutile de planter sur tous les paysages, parce qu’elles sont incapables de rivaliser avec les fossiles, encore moins avec l’uranium. S’agissant des fossiles eux-mêmes, on ne peut espérer non plus que le charbon, très abondant encore en Europe, puisse rivaliser avec le pétrole. A la tonne de bois transformé en énergie équivalent 170 kilos de pétrole contre 260 kilos de charbon : ce n’est pas pour tien que nous sommes passés il y a plus d’un siècle du charbon au pétrole. Voilà la véritable perspective qui s’ouvre devant la série d’embargos auxquels les Européens sont appelés à faire face.
Sources :
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