Les manifestations de Los Angeles

Tensions migratoires entre États et gouvernement fédéral

La politique migratoire des États-Unis est une compétence fédérale, elle est donc conduite non par les États eux-mêmes, mais par le pouvoir central. Sous l’administration Biden, des tensions étaient nées entre le Texas, qui se déclarait envahi, et Washington : elles n’avaient pas conduit à des violences, mais à des protestations symboliques consistant à acheminer en autocar des migrants jusqu’à Washington ou New York, et les y laisser pour que ces États démocrates assument leurs choix. Sur la frontière, on voyait les forces locales faire la grimace aux forces fédérales.

Émeutes en Californie et soutien des autorités locales

Aujourd’hui que la présidence est passée du côté républicain, c’est au tour des États démocrates de s’opposer à la politique décidée par Washington, consistant à faire appliquer la loi sur l’immigration clandestine. En Californie, voisine du Mexique, une agence fédérale, l’ICE (Immigration and Customs Enforcement, que l’on peut traduire par Contrôle de l’immigration et des douanes), est prise à partie par des émeutiers migrants auxquels se joignent les militants les plus résolus du camp démocrate. La différence tient évidemment à la nature de la protestation : comme en France, ce sont des émeutes et des pillages, occasionnant des blessés et quelques morts ; sans toutefois que l’on puisse parler d’un affrontement véritable qui serait le signe d’un début de guerre civile.

Cependant, les autorités locales ont approuvé ces émeutes, au premier rang desquelles le gouverneur M. Gavin Newsom et la maire de Los Angeles Mme Karen Bass ; ce qui, naturellement, exprime de leur part une volonté d’en découdre. La police locale s’est vue interdite de participer aux actions de l’ICE, et les établissements publics d’héberger les clandestins capturés attendant leur expulsion.

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire récente qu’un État rechigne à appliquer des mesures fédérales : en 1958, l’Arkansas s’était opposé au président Eisenhower qui entendait faire appliquer les nouvelles lois fédérales contredisant la ségrégation raciale alors pratiquée dans cet État. Mais le président dispose du pouvoir d’imposer la volonté de la Fédération : l’article 12406 du titre 10 du Code des États-Unis l’autorise à déployer la Garde nationale s’il se voit dans « l’impossibilité, avec les forces régulières, d’exécuter les lois des États-Unis ». Eisenhower y avait recouru, comme aujourd’hui M. Trump. Le gouverneur Newsom a qualifié ces mesures « d’actes illégaux, immoraux et anticonstitutionnels ». Trois mots importants, desquels on peut d’emblée retirer « immoraux », qui n’a pas de définition politique, mais dont on peut retenir « illégaux » et « anticonstitutionnels ». Sur ce point, même le doyen de la faculté de Droit de l’université californienne de Berkeley, laquelle est pourtant reconnue pour son wokisme orthodoxe, admet que « malheureusement, le président Trump a probablement l’autorité légale pour agir ainsi ». On relèvera l’adverbe « probablement », qui sonne bizarrement dans la bouche d’un juriste : un acte est légal ou non, c’est la loi qui en décide, pas une probabilité.

Une fracture politique entre deux visions de l’Amérique

Mais précisément, ce vocabulaire en dit long sur la fracture qui sépare les deux Amériques, la républicaine et la démocrate. Pour l’instant, on en reste à des manifestations pas plus violentes qu’en France ; d’autre part, la majorité des émeutiers revendiquent une identité autre qu’étatsunienne, brandissant beaucoup de drapeaux mexicains (comme un miroitement de l’histoire, dans ces régions jadis mexicaines) ou encore des drapeaux de la Fédération volontairement cousus à l’envers, et griffonnant sur les murs des slogans hostiles au pays lui-même : « Death to America », « Fuck the US » … De telles images sont d’ailleurs de nature à souder l’opinion contre leurs auteurs, ce qui explique que la maire elle-même de Los Angeles se soit vue contrainte de déclarer de sa propre initiative un couvre-feu.

Il n’empêche que la vision de deux Amériques continue de diviser les Américains. Il ne s’agit pas d’une division entre des États comme en 1861, mais entre deux visions inconciliables de la vie collective, comme l’Espagne en 1936. La victoire de M. Trump a pu laisser croire que ceux qui y redoutaient une guerre civile s’étaient trompés. Mais n’oublions pas que le pays dont il a pris les rênes cette année est profondément malade, et que les antagonismes passionnels demeurent.

Sources : 

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