l’or, une monnaie ressuscitée ?
Le contexte de l’or
Nous avons plusieurs fois ici parlé de l’or, notamment pour observer comment certains fonds d’investissement, ou des banques, comme Morgan ou la Deutsche Bank qui se sont déjà fait prendre à cette tricherie et ont dû payer de lourdes amendes, réussissent à maintenir son cours artificiellement vers le bas en pratiquant une technique appelée en anglais « spoofing » – usurpation d’identité – consistant à passer des dizaines de milliers d’ordres de vente d’un or que l’on ne possède pas, et donc bien sûr à les retirer juste avant leur exécution. Ces ordres massifs et non sincères entraînent l’or à la baisse, ou au moins freinent sa hausse sur le long terme, ce qui permet aux valeurs boursières comme aux monnaies abondamment imprimées de se maintenir à un niveau élevé.
Nous avons également rappelé qu’en dépit de cette manipulation, qui toutefois ne parvient pas à retenir une hausse continue depuis quelques années, mais seulement à la ralentir, l’or est la seule monnaie plurimillénaire, inoxydable et belle : il correspond à rien de plus qu’à lui-même, contrairement à une monnaie qui traduit la capacité d’un pays à produire de la richesse. En cela, l’or n’est pas spéculatif, il n’offre qu’un refuge, une stabilité quand souffle la tempête.
L’or, une monnaie d’échange
Il n’empêche que le contexte de la guerre en Ukraine lui a donné de façon inattendue un bain de jouvence en lui conférant un statut de monnaie d’échange, donc quasiment de devise. En effet, l’Occident ayant confisqué – durablement ou momentanément, nous ne le savons pas encore – le patrimoine russe en dollars et euros, pour environ 300 milliards dans chacune de ces devises, la Russie n’a pas eu d’autre choix que de vouloir imposer le commerce de son énergie en roubles, pour ne pas se faire geler son argent à chaque fois qu’elle présente une facture en dollars ou en euros. Mais comme il n’y a pas suffisamment de roubles pour porter ces échanges, la solution trouvée a été d’accepter de l’or comme moyen de paiement, étant fixé un taux de change à 5.000 roubles pour un gramme d’or.
L’or et les autres monnaies
Ainsi le rouble est-il appelé à monter en valeur à mesure que l’or s’entassera dans les caisses russes, tandis que le dollar baissera puisque, d’une part, étant une monnaie désindexée de l’or depuis 1971, il n’a plus d’autre garantie que la capacité économique américaine, et d’autre part, contrairement à la Russie, le pays est surendetté à hauteur d’un tiers du PIB mondial : 30 billions (selon la numérotation française) sur les 100 billions du monde. Sauf si les USA recourent à leurs réserves d’or, de loin les plus importantes au monde – 8.000 tonnes devant les 3.500 de l’Allemagne en deuxième position – mais alors il leur faudra réévaluer ce m étal jaune pour faire face à leur dette : il faudrait atteindre le quadruple de sa valeur. Notons que la valeur de l’or mondial aujourd’hui avoisine les 15 billions, soit un sixième de la monnaie en circulation. On imagine la dépréciation des monnaies si l’on arrivait ne serait-ce qu’au quadruple de la valeur de l’or ! Sauf, bien sûr, pour les pays solvables comme la Russie. Mais l’inflation aux Etats-Unis, dûe à la surabondance du billet vert, déprécié, deviendrait tragique ; et au sein de l’Union européenne, où seules l’Allemagne, l’Italie et la France disposent de réserves importantes, l’or devenant un moyen de s’approvisionner en énergie, sa répartition serait moins aisée qu’avec la planche à billets du quantitative easing et la monnaie européenne s’en trouverait ébranlée : au moins l’Union dans son ensemble possède-t-elle 11.000 tonnes, plus que les Etats-Unis, ce qui peut amortir le choc. Et les Etats-Unis peuvent de nouveau appuyer le dollar sur leurs réserves d’or.
En attendant de savoir si ce scénario est possible, regardons comment vont se comporter les banques américaines, dont on dit qu’elles ont émis plus d’or papier de d’or physique : or, la Russie réclame de l’or physique en paiement de ses livraisons…
Sources :
• https://institutdeslibertes.org/un-nouveau-systeme-pour-les-paiements-internationaux/?print=print
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