Menaces sur l’onu

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Les menaces d’une crise sur l’ONU

L’ONU entrera-t-elle à son tour en crise, une crise tellement grave qu’elle pourrait, à long terme, disparaître ? C’est ce qu’on pouvait méditer au moment de la visite à Kiev du secrétaire général de l’ONU, M. Guterrez, le jeudi 28 avril. La veille, il avait rencontré M. Poutine, qui lui avait rappelé l’affaire du Kossovo, arraché à la Serbie en 1999 par la volonté de l’Otan – c’est-à-dire l’Amérique et ses alliés – sans aucun mandat de l’ONU, et sans aucune protestation générale, au motif que cette province – ayant accueilli une immigration de l’Albanie voisine si abondante qu’elle avait fini par atteindre 90% de sa population – souffrait du pouvoir serbe. Cette modification des frontières, arguait M. Poutine, aura constitué un précédent autorisant aujourd’hui la Russie à se porter au secours des provinces du Donbass maltraitées par l’Ukraine. M. Guterrez n’avait pas discuté l’argument, condamnant l’intervention russe quel que puisse en être le motif. M. Poutine lui avait alors proposé d’envoyer une mission d’observation de la situation à Marioupol, pour faciliter, avec le concours de la Croix-Rouge internationale, l’exfiltration des civils pris en otage dans l’usine Azovstal ; mais le secrétaire général de l’ONU n’avait pas non plus accueilli cette ouverture. Premier mauvais signal envoyé à la communauté internationale : on pouvait attendre d’un secrétaire général de l’ONU, quel que fût son sentiment sur la guerre, qu’il accepte cette offre de mission humanitaire englobant ses propres observateurs et la Croix-Rouge

 

Les relations de l’ONU avec les pays de l’OTAN

Le lendemain donc, rencontrant le président ukrainien avec qui il échangea des propos nettement plus amènes, M. Guterres, qui est portugais et dont le pays est membre de L’Otan, eut la surprise de constater que sa position éminente de secrétaire général de l’ONU ne suffisait pas à faire oublier son comportement de la veille, puisque la Russie faisait tomber des missiles sur des secteurs stratégiques autour de Kiev au moment même où avait lieu sa visite. Symboliquement, c’est un coup porté à l’organisation elle-même, dont il faut rappeler à grands traits le parcours historique, si l’on veut comprendre ce qui se passe aujourd’hui.

 

L’ONU et la SDN

Sa devancière avait été La Société des Nations ou SDN, à laquelle on avait reproché d’avoir échoué à empêcher le déclenchement de la Deuxième – on n’ose plus dire aujourd’hui Seconde – guerre mondiale, et que l’on avait donc abandonnée au profit d’une nouvelle Organisation des Nations Unies – le nom avait été trouvé par Roosevelt – que l’on avait fondée à San Francisco, donc en territoire américain et non pas neutre, le 24 octobre 1945. Puis, comme nous le savons, après un bref séjour à Londres, le siège avait été fixé à New York, encore en territoire américain, tandis que la SDN, elle, avait siégé en Suisse, pays neutre. Et les cinq puissances fondatrices : Etats-Unis, URSS, Royaume-Uni, France et Chine, s’octroyèrent un droit de veto sur les décisions prises par l’assemblée, ce qui porta d’emblée un premier coup à la crédibilité de cette instance que De Gaulle appelait avec mépris « le machin » : un ordre mondial dans lequel ces cinq pays jouissent d’une rente de situation.

L’organisation se discrédita dès 1947, quand la résolution 181, prévoyant deux Etats en Palestine, ne fut pas appliquée. Pour citer des exemples plus récents, le bombardement de la Serbie en 1999 n’entraîna aucune sanction : comment contraindre la puissance américaine ? Même chose en 2003 avec l’invasion de l’Irak, puis avec la guerre arabe contre le Yémen. Aujourd’hui, l’Organisation semble de moins en moins capable d’éteindre le feu qui a commencé de s’allumer. Quand on voit que même la Suisse, qui avait abrité la SDN, sort de sa neutralité, il semble que seule la force pourrait décider des rivalités internationales actuelles.

 

Sources :

• https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/joe-biden/guerre-en-ukraine-antonio-guterres-secretaire-general-des-nations-unies-constate-lampleur-des-degats_5109412.html

• https://www.bfmtv.com/international/en-direct-guerre-en-ukraine-kiev-bombardee-pendant-la-visite-du-chef-de-l-onu-biden-veut-debloquer-33-milliards_LN-202204290026.html

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