NAPOLÉON ET L’INTERNATIONAL

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LA PUISSANCE DE LA FRANCE

2021 est une année Napoléon, car on y fait mémoire de sa mort il y a deux cents ans, sur la lointaine île britannique de Sainte-Hélène, dans l’Atlantique sud. Une île aujourd’hui encore sous souveraineté britannique, ce qui nous conduit à méditer sur ce qu’enseignait l’Empereur à propos des relations internationales : « Les Etats, disait-il, ont la politique de leur géographie ».

Celle de la France est double. C’est une puissance continentale, ayant dû, tout au long des siècles, défendre ses frontières contre les appétits des plus grandes puissances occidentales, des plus prospères, principalement l’Angleterre, les Flandres, les Etats allemands, la Maison d’Autriche. Cette position centrale exigeait donc un gros effort de diplomatie et de défense terrestre.

Mais la France est également une puissance maritime : en Europe, elle est le pays le plus exposé à des mers différentes, celle du Nord devant Dunkerque et même Calais ; la Manche, que les Anglais nous disputent à tel point qu’ils l’appellent leur propre canal (« English Channel ») ; l’Atlantique ; et enfin la Méditerranée. Encore une fois, aucun pays européen ne dispose de si nombreux rivages. Et l’on peut y ajouter le domaine maritime français ultramarin, aujourd’hui le deuxième du monde, qui assigne à la France un rang de puissance maritime de premier plan, auquel les Français en général ne sont pas sensibles, parce que, contrairement aux Anglais, aux Hollandais, aux Portugais, ils se regardent volontiers comme une puissance avant tout continentale.

LA FRANCE SOUS NAPOLÉON

C’est une erreur, dont Napoléon a fait les frais. Il héritait d’une France affaiblie par la Révolution qui avait détruit par ses propres exactions la splendide marine de Louis XVI, la première du monde, victorieuse de la flotte anglaise à l’occasion de la guerre d’Indépendance américaine dans laquelle la France a joué le premier rôle.

La République, bon gré mal gré, a passé au général Bonaparte les rênes du pouvoir avec mission d’imposer à l’Europe ses nouvelles frontières limitées par le Rhin, donc incluant la Belgique, avec le port d’Anvers qui, selon les propres mots de l’Empereur, était un pistolet braqué sur la tempe de Londres.

Mater l’Europe continentale, lui imposer de fermer ses ports au commerce anglais, ce fut son œuvre jamais conclue, toujours reprise, jusqu’à ce que, selon ses propres mots encore, « la corde de l’arc se brise », parce que la tâche était surhumaine. Quant à Angleterre, comment la vaincre sans flotte ?

Comment l’empêcher, par exemple, de s’emparer de nos îles sucrières ? C’est ainsi que l’on a inventé un ersatz, le sucre de betterave, comme plus tard les Allemands assiégés par les Alliés concevront des ersatz de café ou d’essence.

Napoléon a su mieux que personne que les Etats ont la politique de leur géographie, et l’on peut dire que c’est la géographie qui a fini par triompher de son génie militaire. Un siècle après lui, un premier ministre grec, Venizelos, dira : « On ne peut rien contre la géographie ».

Autrement dit, les relations internationales doivent être déterminées, non pas par des préférences idéologiques, religieuses ou autres, mais par la situation géographique à l’aune de laquelle sont évalués les intérêts vitaux, en matière d’approvisionnement, de commerce, d’échanges.

C’est en tout premier lieu la géographie qui préside à la signature des accords et des traités, mais également à l’apparition des désaccords, au déclenchement des conflits. Toute l’histoire de Napoléon est là, dans une grande et tragique leçon de géographie politique et commerciale.

Loin d’avoir voulu devenir le conquérant du monde comme Gengis Khan ou Alexandre, il fut avant tout l’otage d’un rêve géographique dont la République lui avait confié l’impossible réalisation.

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