Bonne année 2024

De nombreuses élections partout dans le monde en cette année 2024

 

Pour aborder cette nouvelle année, il convient de commencer par prendre de la hauteur. Elle va se caractériser par la tenue de nombreuses élections partout dans le monde, sauf « aux Afriques », comme disait Verlaine évoquant la résidence abyssine de Rimbaud : les Afriques du nord et sub-saharienne. Sur tous les autres continents vont se tenir des élections, souvent d’importance majeure, dont huit en Asie et dix en Amérique. La plus proche de nous – pour la date de sa tenue – est à Taïwan, dont on sait qu’elle est un enjeu de dissension entre la Chine, qui aimerait en recouvrer la souveraineté, et les Etats-Unis qui étendent sur toute cette région un empire militaire fermant les côtes de sa rivale économique. En principe, le premier ministre de l’Inde, M. Modi, devrait être reconduit dans sa majorité, tant son pays traverse une période de radicalisation à la fois politique et religieuse, Modi se voulant la figure paradoxale d’un Gandhi armé de pied en cap. Ces deux élections auront sans doute plus d’effets que celles qui vont se tenir en Indonésie, à Ceylan et en Corée du sud.

En Europe durant l’année 2024 auront lieu les élections européennes, qui probablement ne réservent aucune surprise : jamais, depuis les premières en 1979, la tendance politique ne s’y est inversée, oscillant entre le centre-droit et le centre-gauche ; cette organisation imaginée par les Etats-Unis pour consolider leur emprise sur le Vieux continent est trop solide et opaque pour qu’un changement de cap puisse s’y produire à moins qu’une crise majeure ne soit en mesure de lever notre doute. Mais des élections nationales auront lieu aussi en Autriche, en Roumanie, et dans une Moldavie exposée à la sécession de la Transnistrie pro-russe. En Ukraine, après l’annulation des élections législatives d’octobre dernier, le président annule la présidentielle pour cette année, ce qui ne posera pas de problème d’image dans l’ensemble de l’empire américain, mais plutôt ailleurs dans le monde, l’Ukraine étant présentée par ce même empire comme l’avant-poste de la démocratie contre l’ennemi russe. Il n’empêche qu’en Russie aura bien lieu la présidentielle, dont tous les sondages promettent qu’elle sera sans surprise, son président actuel, candidat à sa succession, y étant majoritairement regardé comme l’artisan de la grandeur nationale retrouvée. 

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De gros enjeux politiques en Amérique pour 2024

 

En Amérique, les observateurs suivront avec intérêt les élections au Mexique, et au Venezuela, pays d’une gauche turbulente où le PIB a chuté de 300%, où l’inflation est à 190% ; mais c’est évidemment surtout vers les Etats-Unis que les regards se tourneront. Jamais sans doute, depuis la présidentielle de 1860, une élection sera aussi tendue que celle qui se prépare. La radicalisation générale, la rigidification des camps des deux côtés, bref la scission du pays en deux parties égales, pire qu’irréconciliables, mais tout simplement inconciliables, motivée par la manière que chacune d’elles comprend la religion politique commune, cette fameuse démocratie que le pays a reconstituée à la fin du XVIIIe siècle sur un vague souvenir des Grecs anciens, malgré les différences entre les deux environnements social et spirituel. En 2020, au-delà des apparences, on avait vu les émeutes de Black Lives Matter se révéler moins raciales que politiques, largement dominées par une extrême-gauche blanche dans un pays où la population noire n’atteint pas 12% ; en 2024, on imagine difficilement le camp démocrate laisser la victoire revenir au camp républicain. Est-ce à dire que ces élections provoqueront une guerre civile ? Impossible de répondre à cette question, naturellement, mais le fait est que, dans ce pays où la possession d’une arme est non seulement un droit, mais un devoir civique de défendre la Constitution, les ventes d’armes ont progressé de 400% depuis l’élection de M. Obama. La guerre de Sécession était motivée par la différence radicale de modèle économique : le sud exportateur de coton, favorable au libre-échange pour concurrencer le coton des Indes britanniques ; le nord partisan du protectionnisme pour garantir son industrie naissante contre la concurrence de l’Europe; mais aujourd’hui, c’est un conflit plus intime, celui qui déclenche les guerres de religion.