Reformer-le-systeme-americain

LA SITUATION ACTUELLE

La revue Conflits, remarquable pour ses analyses de géopolitique contemporaine, s’interrogeait récemment sur la possibilité d’abolir le système électoral américain, au vu des conditions désastreuses dans lesquelles s’est déroulée la dernière élection présidentielle. Or, nous allons le voir, ce problème est beaucoup plus difficile à résoudre aux Etats-Unis que dans un pays comme le nôtre, parce que, s’il existe bien une capitale fédérale à cet ensemble, il n’en reste pas moins vrai que chaque Etat dispose d’une telle autonomie qu’une intervention centralisatrice de Washington, jugée intempestive, serait extrêmement mal vue.

Il s’agit de protéger les minorités électorales, mais aussi et surtout de garantir la liberté de chaque Etat fédéré. N’oublions pas que les Américains ont lutté à la fin du XVIIIe siècle, les armes à la main, pour obtenir leur indépendance vis-à-vis d’une métropole lointaine, l’Angleterre. Ce qui fait dire aujourd’hui au professeur Gutzman, enseignant à l’Université d’Etat du Connecticut occidental : pourquoi avoir lutté à cette époque contre une autorité lointaine et irresponsable, pour créer ensuite une nouvelle autorité lointaine et irresponsable ?

Alors naturellement, cette organisation d’un pays, dont il faut rappeler qu’il s’étale sur neuf millions et demi de kilomètres carrés – sans parler de ses territoires d’outre-mer, mais seul Hawaï participe aux élections, ce qui, entre parenthèses, confère à cet égard aux autres territoires d’outre-mer un statut colonial, mais c’est une autre question – cette organisation, donc, fait apparaître des disparités et des spécificités qui pourraient nous surprendre.

LES PARTICULARITÉS DU SYSTÈME ÉLECTORAL AMÉRICAIN

Le fait que l’on puisse être élu à la présidence en ayant réuni sur son nom moins de voix que son adversaire n’est pas le plus surprenant dans un Etat fédéral, cela s’apparente à nos élections législatives où un député de la Lozère rassemble derrière lui moins d’électeurs qu’un député des Hauts-de-Seine, tout en étant sur un pied d’égalité : c’est la fameuse protection des minorités démographiques électorales dont nous venons de parler.

En revanche, on est stupéfait que, dans certains Etats du Far-West, il ne soit pas même nécessaire de présenter une carte d’identité pour pouvoir voter. C’est que les Etats-Unis n’ont pas toujours hébergé trois cent millions d’habitants : aux premiers temps de cette fédération, le garçon-vacher qui se présentait au bureau de vote était connu de tous, il n’était pas utile qu’il se fasse reconnaître. Mais évidemment, aujourd’hui, le maintien de cette habitude pose problème, parce qu’il ouvre la porte à toutes les tricheries possibles.

Il y a d’autres pratiques étonnantes auxquelles les autres démocraties ont renoncé, comme le vote par correspondance, interdit en France depuis 1975, et surtout le vote électronique, vulnérable car exposé, par sa nature même, au piratage.

VERS UNE RÉFORME DU SYSTÈME ÉLECTORAL AMÉRICAIN ?

Ces problèmes sont de plus en plus visibles aujourd’hui à mesure que chaque citoyen dispose de ses propres moyens de capter des images de fraude : c’est pourquoi l’on s’interroge sur l’opportunité d’une grande réforme électorale. Mais est-ce possible, constitutionnellement parlant ? Il faudrait une telle majorité dans les chambres haute et basse que l’on voit mal le pouvoir central intervenir facilement dans la politique interne à chaque Etat, si chaque Etat se refuse à se réformer lui-même.

On peut donc dire, sans craindre de se tromper, que les Etats-Unis abordent aujourd’hui un tournant dans ce domaine, et entrent peut-être dans une crise politique dont on ne sait pas trop comment ils pourront sortir par le seul biais de leur organisation elle-même, surtout à notre époque d’extrême bipolarisation comme jamais, sans doute, ils n’en ont connue.

 

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