PRÉVISIONS SUR LE DOLLAR

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LES PRÉVISIONS DU DOLLAR FACE AU CONTEXTE DE GUERRE ÉCONOMIQUE

Dans notre contexte de guerre économique contre la Russie, on pourrait croire que la prépondérance de l’Amérique et de son dollar sont plus que jamais d’actualité. Par exemple, les Etats-Unis ont demandé à l’Union européenne de pousser ses entreprises à se débarrasser de leurs actifs russes, pour les brader sur les marchés où ils ont été rachetés pour une part dérisoire de leur valeur d’origine, par les Américains eux-mêmes. On pense en particulier aux actifs de la Shell oil récupérés aussitôt par Goldman Sachs ou Blackstone, fleurons de la finance américaine : pas vus, pas pris ? Eh bien, ce n’est pas si sûr.

Admettons tout d’abord que cette guerre économique prendra fin un jour, d’une manière ou d’une autre, puisqu’il apparaît évident que les deux parties, en particulier la partie occidentale, ont trop à y perdre pour que cette situation perdure. Mais surtout, on peut prévoir des changements profonds et durables en matière économique et surtout monétaire.

LE DOLLAR : MONNAIE INTERNATIONALE

Commençons par la monnaie. Depuis la fin des accords de Bretton Woods en 1971, les banques centrales du monde ont fonctionné à partir non plus de l’étalon-or mais de l’étalon-dollar, en détenant leurs réserves monétaires internationales sous formes de titres du trésor ou d’obligations américaines. Ainsi le monde a-t-il financé l’endettement vertigineux de l’Amérique, les déficits de sa balance des  paiements se concrétisant sous la forme de réserves dans les banques centrales des pays excédentaires.

Depuis cette date, les Etats-Unis se sont efforcés d’empêcher l’or de retrouver son rôle dans les réserves internationales, quitte à manipuler son cours par la technique du spoofing, comme nous en avons parlé en janvier dernier. Aujourd’hui, dans l’esprit des pays émergents comme l’Inde, l’Arabie saoudite, le Brésil etc., la guerre économique euraméricaine, qui pèse sur leur autonomie diplomatique, les incite à convertir leurs dollars et leurs euros en or, un actif qui écarte tout risque politique d’être pris en otage.

LE DOLLAR EN RUSSIE

En Russie même, la guerre économique érige, en fin de compte, des barrières douanières protectrices. On sait comment ce pays est devenu le troisième producteur de blé depuis le début de la guerre en Ukraine, qui remonte à 2014, sous l’effet des sanctions euraméricaines, mais on peut dire la même chose des produits fromagers depuis que les pays Baltes ont été contraints de renoncer à commercer avec lui. Mieux encore, l’un des scandales de la privatisation des moyens de productions hérités de l’ancienne URSS, qui avait fait la fortune de quelques oligarques ressemblant en cela à tous les oligarques de notre monde moderne, consistait à ne pas investir dans la création de nouveaux moyens de production russes, mais dans l’immobilier français ou britannique de luxe, les yachts, les dollars, les euros et autres actifs de la fuite mondiale de capitaux. En subissant les sanctions, parfois même les saisies, les expropriations, ces oligarques d’une fortune anonyme et vagabonde, ces élites ayant fait, comme toutes les autres et pour reprendre l’heureuse formule de Jérôme Fourquet, sécession de leur peuple, découvrent que leur propre pays est devenu un endroit plus sûr pour le placement de leurs capitaux.

Il est probable que dans le monde entier, des institutions comme la Banque mondiale ou le FMI, qui en pratique servent la suprématie diplomatique américaine, seront contestées par des puissances qui chercheront d’autres moyens de s’organiser. En revanche, la domination américaine exercée sur le vieux continent sera sans doute plus durable et sensible, parce que l’Union européenne manifeste trop de divergences d’intérêts pour que ses dirigeants actuels, pour peu qu’ils en aient envie, puissent envisager de l’émanciper.

 

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