Y’A-T-IL DANGER D’UNE GUERRE NUCLÉAIRE OU PAS ?

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UN CONFLIT NUCLÉAIRE AVEC LA RUSSIE ?

Sommes-nous menacés d’un conflit nucléaire avec la Russie, comme on l’entend dire en ce moment ici et là ? Non, parce que les puissances qui s’opposent dans la guerre ukrainienne : Russie et Otan, disposent toutes d’une capacité de seconde frappe, ce qui réduit à néant le gain que l’ennemi pourrait espérer d’une première frappe. Les Etats-Unis, la Russie, la France et la Grande-Bretagne possèdent à coup sûr cette capacité, probablement pas encore ou beaucoup moins certainement la Chine, car elle n’a pas de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins équipés de la technologie de la dilution : ses transporteurs de la mort sont localisables. Ainsi pourrait-on imaginer une frappe nucléaire de l’Otan ou de la Russie sur d’autres puissances nucléaires de second rang comme l’Inde, le Pakistan ou la Corée du Nord – à supposer que l’arsenal nucléaire nord-coréen ne soit pas fictif, mais c’est un autre sujet – parce qu’il n’y aurait pas de seconde frappe en retour. Tandis que dans la crise ukrainienne, chacune des parties en présence pourrait encore anéantir l’autre même après avoir été détruite. Tel est le paradoxe à ce niveau de puissance : l’outil de destruction devient un instrument de suicide collectif.

LE PROJET DE L’AMÉRIQUE FACE À CE CONFLIT NUCLÉAIRE

Le projet de l’Amérique, c’est plutôt d’armer massivement l’Ukraine en espérant qu’à la longue, la Russie s’y enlisera, ou s’y épuisera au point de se voir réduite à une puissance régionale, incapable d’atteindre ses ambitions de l’après-guerre. En quelque sorte, qu’elle remporte éventuellement une victoire, mais à la Pyrrhus. Le temps, donc, travaille contre elle, qui pourtant est obligée de conduire une guerre la plus économe possible de vies civiles, puisque son projet est de réunir à elle les populations russophones : c’est ce facteur temps que les Etats-Unis entendent exploiter. Remarquons en passant que ce calcul repose sur l’idée de se battre jusqu’à la dernière goutte de sang ukrainien, et non pas américain.

Mais par-delà ce qui peut en sortir – un démembrement de l’Ukraine, pays peu homogène auquel on arracherait l’est et le sud, tandis que la Pologne serait tentée, pourquoi pas, de récupérer la région de Lvov qui lui a été confisquée par l’URSS en 1939 – cette guerre présente d’autres risques collatéraux qu’il convient de ne pas négliger.

QU’EN EST-IL DES AUTRES PAYS ?

Le plus grave serait que la Chine profite du nouveau désordre mondial pour tenter l’aventure de son recouvrement de Taïwan, élargissant le théâtre de la guerre américaine – ou otanienne, ce qui est la même chose – aux dimensions du monde. Alors, même des pays comme ceux du Pacifique seraient entrainés dans un engrenage douloureux.

La Turquie pourrait monnayer sa loyauté otanienne en réclamant les eaux territoriales qu’elle rêve de prendre à la Grèce, voire se lancer dans leur conquête en comptant que l’Otan serait trop occupée ailleurs pour l’en empêcher.

Plus certainement, la diminution drastique de fourniture de blé aux pays arabes d’Afrique de nord et du Levant, pourrait provoquer de graves soulèvements populaires et des vagues d’invasion migratoire vers l’Europe. Et plus généralement dans le monde, les restrictions alimentaires, mais également le renchérissement des produits, causeront des tensions sociales, y compris en France où l’inflation, qui atteint aujourd’hui 5%, doublera sans doute au cours de l’année. Quoi qu’il arrive donc, s’il est prévisible que personne ne se lancera dans un suicide nucléaire collectif, l’avenir n’est pas forcément rose : la crise économique est certaine ; il reste encore à éviter qu’elle ne dégénère pas en violence incontrôlée.

 

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