La faillite de la Silicon Valley Bank
Ce qui est étonnant quand on observe les crises, qu’elles soient économiques ou autres, c’est qu’elles éclatent souvent là où l’on croyait pouvoir les prédire ailleurs. Qui attendait une tempête bancaire venue de Californie ? On parlait plutôt de la Banque allemande, par exemple, ou des difficultés italiennes, même si, de ce côté-ci des Alpes, chacun se doutait bien que la nouvelle présidente du Conseil Giorgia Meloni était condamnée à décevoir ses électeurs, pour éviter de se mettre à dos l’Union européenne et mettre en danger l’équilibre du pays qui l’a portée au pouvoir.
Chute de la Silicon Valley Bank
Mais non, la crise a éclaté là où on ne l’attendait pas. Certes, l’escroquerie de FTX devait bien susciter quelques remous dans les milieux financiers proches des crypto- monnaies : c’est ainsi que l’on a appris la liquidation de la Silvergate Bank, entre autres. Mais plus inquiétant est l’ouragan qui a coulé la Silicon Valley Bank, dont le nom même évoquait le triomphe de l’Amérique mère des technologies modernes, où presque rien n’a été inventé ailleurs que par elle depuis 1945. Partenaire de la moitié environ des start-up américaines, la SVB a dû vendre en urgence des dizaines de milliards de dollars et faire appel à une augmentation de capital pour continuer à flotter, mais en vain.
Que s’est-il donc passé ? Tout simplement, un banal bank run, une ruée sur les comptes, des retraits massifs qui ont fait chuter la banque de plus de 80% à Wall Street en quelques jours seulement avant de faire naufrage, causant un mouvement de dominos qui a fait disparaître 80 milliards de dollars de la bourse de New York, a fait reculer la Bank of America de plus de 6%, et la prestigieuse Morgan de plus de 5%.
Naturellement, le raz de marée a traversé l’Atlantique pour impacter les plus grandes banques françaises, Société Générale, BNP et Crédit Agricole, la Barclays à Londres et la Deutsche Bank à Francfort.
Faillite de la Silicon Valley Bank : quelles conséquences ?
Alors, est-ce le début d’une crise systémique, comme celle de 2008 ? Certes, la Federal Deposit Insurance Corporation, l’agence de garantie des dépôts, va devoir augmenter les frais bancaires dans tout le pays pour garantir au moins un plafond de 250.000 dollars de dépôt sur chaque compte, ce qui est une façon d’impacter d’autres banques. Surtout, nous dirons que, dans l’état actuel des choses, on voit bien que cette faillite, qui a asséché les comptes des entreprises de high tech, va nuire à ce secteur, mais on ne comprendrait pas pourquoi ni comment la contagion pourrait s’étendre aux autres secteurs, ni même au système bancaire mondial. Cela dit, en la matière, on sait bien que la confiance est le ciment principal de l’activité, et aussi que l’avenir dépend de la façon que l’on a de répondre à la crise : on a déjà vu des responsables politiques jouer les pompiers pyromanes en jetant sur le feu de l’essence qu’ils prenaient pour de l’eau.
Quels risques pour la France?
En France, le ministre de l’économie affirme qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, mais sa parole est discréditée depuis qu’il a essayé de mettre à genoux l’économie russe avec un fusil braqué sur lui-même. La carte est surtout dans la main de l’administration Biden, qui devra jouer sa crédibilité.
Sources :
Chute de la Silicon Valley Bank : quelques frayeurs en France mais pas d’inquiétude sur le fond
Silicon Valley Bank: chronique d’une faillite bancaire aussi soudaine qu’inattendue